Finalement, cette politique impériale fait dire à certains historiens qu'Alexandre est le « dernier des Achéménides »[296]. À cette date le nouveau roi de Macédoine n’a plus de rival capable de lui contester le trône. Héros pour les Grecs et les Romains, prophète pour les Arabes et mythe pour les Occidentaux, il a tant servi de référence que l'histoire s'est effacée devant la légende. Perçu comme un Indogermain, il aurait subordonné l'ensemble de sa politique à l'édification d'un empire universel, faisant du « sang » aryen, grec et macédonien, un matériau d'égale valeur que le « sang » perse, alors que son père Philippe II aurait su lui préserver la race aryenne au sein du royaume de Macédoine[380]. J.-C., a composé une Histoire d'Alexandre le Grand en latin, dont il ne subsiste que huit des dix livres originels, les deux premiers ainsi que quelques passages éparses étant manquants[33]. Il doit donc incorporer à son armée des mercenaires auparavant au service des Achéménides et commence à faire appel à des Perses[171]. Ainsi pour Ernst Badian, ces noces sont d'abord le prétexte d'une réconciliation entre Alexandre et les Macédoniens, alors que cette hypothétique « fusion » entre les peuples concerne en premier lieu les élites[215]. A l’origine de grandes conquêtes en leur temps, Alexandre III de Macédoine, dit Alexandre le Grand, se rendit maître de l’Empire perse avant de fonder 60 cités sur ses territoires. La plupart des Alexandrie qu'il a fondées ont disparu, mise à part Alexandrie d'Égypte, même si sa construction a été achevée sous Ptolémée II[43]. J.-C. une cité, Bucéphalie, dans le Pendjab pakistanais[283]. Justin, qui a résumé l'œuvre de Trogue Pompée (les livres XI et XII concernent spécifiquement Alexandre mais inséré dans une histoire universelle, ce n'est une biographie comme Diodore), également influencé par les populaires romans d'Alexandre de son époque, insiste sur les aspects moralisants et dramatiques (surtout les moments de cruautés et les rapports avec Philippe II), tout en proposant une narration animée[40],[39], les digressions trop savantes ne sont pas retranscrites[N 7]. Sous l'occupation ottomane, dans ce qui a été l'empire byzantin, Alexandre sert de référence pour les érudits et les théologiens. Il convient parmi les compilateurs tardifs de distinguer deux traditions historiques. La vision des Juifs envers les souverains grecs changent sous le règne d'Alexandre Balas qui s'assure le soutien de Jonathan en le désignant Grand prêtre de Jérusalem en 152 av. J.-C. Cette flotte, composée de 120 navires transportant 10 000 hommes[203], part avec un mois de retard sur les plans initiaux à cause des vents de mousson fin octobre 325[A 66]. Il semble avoir été largement utilisé dans l'Antiquité bien que son impartialité soit douteuse[3]. Il reprend finalement à son compte l'idéologie du « héros » véhiculée par l'historiographie ancienne[64]. C'est à cette époque qu'il aurait dompté Bucéphale[103]. Il contraint 10 000 de ses soldats et officiers à épouser des femmes asiatiques lors des noces de Suse au printemps 324 av. J.-C.), figure historique célèbre pour ses conquétes et l’empire qu’il parvint à édifier. La vallée de l'Indus est théoriquement sous le contrôle de l’empire achéménide depuis cette époque, mais, en réalité, la frontière du pouvoir perse se limite aux Paraponisades (Hindou Kouch actuel). J.-C.). La question de l'appartenance culturelle des Macédoniens, et donc d'Alexandre en particulier, reste l'objet d'un débat historiographique[75]. Entre 6 000 et 8 000 défenseurs sont tués. Durant les phases défensives, les phalangites forment une muraille de boucliers dont jaillissent une forêt de piques permettant de soutenir la puissance des charges adverses. Parvenus sur les rives de l'océan Indien, les Gréco-Macédoniens sont étonnés par le phénomène des marées[A 63], quasi inconnu en mer Méditerranée. Son récit n'en reste pas moins émaillé d'erreurs historiques et d'approximations chronologiques[34]. Alexandre remporte la bataille de Gaugamèles (1er octobre 331) après une charge de cavalerie sur le centre perse ; mais les pertes dans l'infanterie macédonienne sont importantes. Il remonte à l'intérieur des terres et s'empare de Gordion (où il tranche le nœud gordien) et de Tarse. De cette version du Pseudo-Callisthène dérivent la plupart des Légendes, Vies, Romans, Histoires ou Exploits d'Alexandre qui se multiplient à partir du Ve siècle[321]. Romulus et son frère jumeau Rémus sont le… Dans l'Anabase, écrite en grec au IIe siècle, Arrien, officier impérial de haut rang, insiste sur les faits militaires avec sobriété et précision, tout en montrant une grande admiration pour Alexandre. Les problèmes chronologiques, comme Diodore, viennent des décalages entre les années macédoniennes et athéniennes ainsi que des compagnons d'Alexandre dont le calendrier se base sur les années régnantes[38]. À la cour d'Henri II Plantagenêt, duc de Normandie et roi d'Angleterre, Alexandre représente l'idéal chevaleresque et le symbole d’une royauté qui s'affirme face à l’anarchie féodale du royaume de France[352]. Alfred Rosenberg propose une approche plus nuancée. Les Juifs sont aussi reconnaissants envers Alexandre d'avoir permis leur installation à Alexandrie où est traduite en grec la Bible hébraïque vers 270-250 av. Le mythe du conquérant sera entretenu par les historiographes occidentaux mais aussi orientaux. Pour certains historiens contemporains, tel William W. Tarn qui reprend à son compte les thèses de Droysen en s'appuyant sur le récit d'Arrien[A 72], les noces de Suse témoignent de la volonté d'unir les peuples dans un esprit de fraternité universelle, les Perses n'étant plus considérés comme des sujets et se voyant associés au gouvernement de l'empire[214]. Quoi qu’il en soit, Alexandre regrette par la suite cet acte très mal perçu par les Perses mais accompli avec joie par les troupes macédoniennes qui pensent, bien à tort, qu'Alexandre trahit son regret du pays natal et manifeste par cet incendie sa volonté de ne pas se fixer en Asie[A 54]. Il est en effet plausible qu’il ait envisagé de se tourner vers la Méditerranée occidentale, en particulier Carthage. Il y trouve des renforts venus à la fois de Macédoine et de Grèce ainsi que Parménion qui a hiverné à Sardes. En 340, Alexandre, âgé de seize ans et élève d'Aristote, est appelé par Philippe à la cour de Pella afin d'apprendre le fonctionnement de l'État[103]. Alexandre prend possession de tout le Pendjab et apporte la culture grecque à la région. Les historiens et archéologues, malgré de nombreuses recherches et hypothèses, ignorent encore de nos jours son emplacement exact[311]. C'est donc pour affaiblir la position d'Harpale qu'Alexandre fait licencier l'ensemble des mercenaires, dont le recrutement dépend alors du trésorier[206]. Il s'empare alors d'un énorme butin surtout en aromates[A 47]. Alexandre cède en ne maintenant cette étiquette que pour ses sujets asiatiques, mais la part qu'il donne à ces derniers dans l'armée et l'administration suscite des mécontentements. Il est classé 33e dans The 100 : A Ranking of the Most Influential Persons in History (Michael H. Hart, 1982)[377] et 9e parmi 30 figures historiques dans le classement émis par The Guardian (2014)[378]. En Occident au Moyen Âge, dans la continuité du Roman d'Alexandre issu du Pseudo-Callisthène, Alexandre représente un modèle de vertus masculines et princières ainsi que l'idéal du preux chevalier qui mêle savoir et pouvoir. Il dispose d'abord, au départ de l'expédition, d'une armée aguerrie par les guerres de Philippe[128]. C'est le résultat de la politique de Darius III qui, grâce à Memnon de Rhodes, a reconquis les territoires pris par Parménion à la fin du règne de Philippe II, et tente de susciter une révolte en Grèce en envoyant des fonds aux cités[121]. Arrien quant à lui rapporte cet événement tout en déclarant qu'il ne se prononce pas sur la véracité ou non de celui-ci[A 101]. : A Historical Biography, University of California Press (1992, réédité en 2013)[67]. Ce succès permet à Alexandre d'assurer sa mainmise sur l'ensemble de la Phénicie. Philotas est jugé par l'Assemblée des Macédoniens sous l'accusation de Cratère qui y voit sans doute un moyen d'éliminer un rival ; il est lapidé selon la coutume après que des aveux lui ont été extorqués[175]. L. Mangin, « La tête penchée d’Alexandre ». Les colons de Bactriane se révoltent à nouveau en. Ainsi au XVIe siècle, deux patriarches d'Alexandrie prédisent l'arrivée d'un libérateur, qui, comme Alexandre, va conquérir plusieurs royaumes avant de monter sur le trône de Byzance. J.-C. avec une partie de son armée pour descendre l’Hydaspe puis l'Acésine afin de rejoindre l’Indus[198]. En outre, les dépôts laissés par Alexandre sont attaqués par les Orites. En 146 av. Darius envoie son harem, ce qui reste de son trésor aux Portes Caspiennes (à l'est de Téhéran), clefs de l'Hyrcanie et faciles à défendre. Ainsi, lors d'une navigation sur l'Euphrate, un coup de vent emporte le diadème royal tandis qu'à Babylone, un inconnu ose s’asseoir sur le trône d'Alexandre, geste qu'il paye de sa vie. Quant aux satrapes de Carmanie et de Gédrosie, qui ont failli à leur obligation de ravitaillement sur la route du retour d'Inde, ils sont exécutés[206]. Pour remplacer Artabaze, satrape de Bactriane qui demande à être relevé de son commandement en raison de son grand âge, Alexandre désigne son ami Cleitos[179]. La sédentarisation des peuplades asiatiques ne semble pas avoir été un objectif en soi[293]. Mais cette mesure d'apaisement, qui doit être annoncée par Nicanor de Stagire durant les Jeux olympiques[A 75], est perçue comme une ingérence dans les affaires intérieures des cités, qui plus est sous la menace d'Antipater pour les plus récalcitrantes d'entre elles[220]. Diodore offre dans la Bibliothèque historique, écrite en grec au Ier siècle av. Suétone et Dion Cassius rapportent que Caligula aurait porté la cuirasse d'Alexandre[A 122],[313]. Les citoyens d'Alexandrie vénèrent le tombeau du glorieux fondateur comme un sanctuaire[319]. Les satrapes reçoivent la mission de collecter six espèces d'impôts différents, parfois avec brutalité, les paysans payant les mêmes taxes que sous les Achéménides[A 117]. Des émissaires celtes, probablement des Scordiques, rencontrent à cette occasion Alexandre sur le Danube[A 19]. Cette tradition favorable chez les Juifs hellénisés d'Alexandrie est reprise par les clercs médiévaux à partir du Xe siècle, dont Léon de Naples qui traduit en latin le Roman d'Alexandre sous le titre de Historia de proeliis Alexandri Magni (ou Histoire des batailles d'Alexandre)[391].